Affaire Clearstream UNE OPPORTUNITÉ POUR LA TAXE TOBIN ? Au-delà des conflits d’intérêts entre personnalités politiques et magistrats, « l’affaire clearstream » est une occasion de rappeler que des sommes d’argent colossales transitent de manière totalement opaque par le biais « d’organismes de compensation » tout aussi obscurs. Une opportunité également pour reparler de la proposition de la taxe Tobin, cheval de bataille de l’association Attac (Association pour la taxation des transaction financières), une sorte d’impôt mondial qui pourrait être mis en place via ces sociétés de « clearing » et dont les recettes permettraient de financer le développement des pays pauvres. En ces temps moroses et pessimistes, rêvons un peu : « soyons réalistes, demandons l’impossible » !!



CLEARSTREAM, QU’EST-CE QUE C’EST ? Il existe dans le monde deux organismes de compensation internationaux, un au Luxembourg, « Clearstream », et un second en Belgique, à Bruxelles « Euroclear ». Ces « banques des banques » ont été créées dans les années 70 pour permettre les échanges électroniques (plus besoin de transporter des valises de billets !). En principe, mais en principe seulement, les comptes y sont publiés en toute transparence, à la disposition d’éventuels contrôleurs. Mais en réalité, la moitié des comptes de Clearstream sont « non publiés » ou occultes et bien utiles aux grandes entreprises, aux acteurs financiers, aux services secrets, à la mafia…. Clearstream recense en effet 16121 comptes pour seulement 8000 banques. Parmi ces comptes non publiés, on trouve entre autre le Crédit Lyonnais, la banque du Vatican, la bank of England, le Ministère du budget français, le Ministère luxembourgeois du trésor, Total Fina, Elf, l’Opus Dei, la famille Bush et celle d’Oussama Bin Laden, Silvio Berlusconi et d’autres hommes politiques, services secrets, partis etc. DES CHIFFRES QUI DONNENT LE VERTIGE La dérive fiscale vers les paradis fiscaux et société offshore pour la France se monte à près de 150 milliards d’euros, qui passent obligatoirement par ces organismes de compensation (cela fait pas mal de postes d’infirmières, de professeurs, de chercheurs…). La somme des échanges réalisés dans ces organismes est colossale, l’unité est le trillion de dollars (12 zéros). TAXE TOBIN Imaginons maintenant qu’une taxe soit placée sur toutes les transactions électroniques officielles qui se font sur ces deux organismes de compensation internationaux, les sommes engrangées permettraient de faire vivre correctement tous les habitants de la planète. La faisabilité d’une telle taxe serait très simple, contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, car nous venons de voir que toutes les transactions sont électroniques et informatisées : un simple algorithme sur toute opération permettrait de prélever l’argent directement. Autre argument des anti-taxe Tobin, il faudrait que son principe soit voté par le monde entier, ce qui serait bien entendu impossible. Mais rappelons que ces deux organismes de clearing internationaux se trouvent en Europe, et plus précisément dans l’Europe historique « des six ». Il « suffirait donc » de convaincre nos chers députés et commissaires européens. Les sommes qui transitent par ces organismes sont tellement importantes qu’une taxation infime permettrait de dégager de quoi améliorer la situation de beaucoup d’individus, au moins en terme d’alimentation, d’éducation, de soin et de logement. Si cette taxation paraît à première vue irréaliste, elle permettrait pourtant un juste retour des choses : utiliser ce qu’il y a de plus laid et de plus immonde, les chambres de compensation financières internationales qui brassent l’argent sale des mafieux, des banques et des dictateurs, pour construire un monde plus juste. Cet article à paraître dans les Informations agricoles du 26 mai 2006 a été écrit à partir des réflexions de Christian THOLIN (membre d’Attac 44), qui s’est lui-même basé sur les livres de Denis ROBERT et Ernest BACKES : « REVELATION$ », « La Boîte Noire » et « La Domination du monde ». « Nous sommes dans l’abstraction la plus totale, l’argent n’existe plus depuis longtemps ».