Créateur de marque d’instrument de musique Kangaba

www.kangaba.com

hd@kangaba.com

Tel Mali 223 640 30 37

Tel France 33 6 62 22 86 23

Bamako, le 10 Octobre 2006







En 1999, avec des artisans maliens et quelques diplômés sans emploi de l’Association Numuso, nous avons crée un atelier de fabrication d’instruments de musique spécialisé dans les percussions mandingues.

Avec l’aide d’une société de distribution française, nos produits étaient distribués dans le monde entier. En Europe, aux Etats Unis, au Japon, nous étions fiers de voir dans les magasins de musique nos instruments ‘fabriqué au Mali’ côtoyer les pianos, guitares ou djembés industriels fabriqués en Thaïlande ou en Chine. Je parle au passé parce que l’atelier, dirigé par Mr Tiema Fané, a été fermé le 17 août sur ordre du ministre de l’environnement malien, Mr Nancoma Keita. L'opération surprise et spectaculaire (plus de 50 gendarmes) a été filmée par les cameras de l'ORTM.

Le soir même, suite à cette intervention, le journal télévisé de l’ORTM disait qu’un français (moi-même) se permet (sic) de dévaster les forêts maliennes pour réaliser un profit colossal (sous entendu n’enrichissant que lui). Mr le ministre clôture le reportage en demandant au peuple malien et au gouvernement de se montrer vigilant envers ce « pillage des ressources forestières ».




Or notre activité est régie par un protocole d’accord signé en janvier 2004 avec la Direction Nationale de la Conservation de la Nature (DNCN) nous autorisant à utiliser les essences de lingué (Afzelia Africana), Dugura (Cordyla Pinnata), Gueni (Pterocarpus Erinaceus),…. pour fabriquer des djembés à 2 conditions :

- Exiger de nos fournisseurs de bois de nous délivrer des coupons de transport délivrés par les agents forestiers.

- S’engager à replanter 2000 arbres par an.




Nous possédons bien ces coupons et plantons 5000 arbres par an (des mêmes essences).

Et je tiens à signaler que nous sommes les seuls à le faire sur la place de Bamako.

A ce jour, malgré la présentation des pièces justificatives prouvant la légalité de notre activité, l’atelier est toujours fermé, nos stocks (1 an de stock tampon) et un container d’instruments en partance pour la France saisi. Si la situation se prolonge un mois de plus, nos distributeurs ne pourront pas fournir pour les fêtes de Noël et, le marché du djembé étant pléthorique et versatile, nous ne nous relèverons plus.




Voici en quelques chiffres un portrait de notre activité :




- 70 artisans dont le moitié ont subit une formation prolongée.

- Nous pouvons fabriquer 25 djembes (grande moyenne et petites tailles confondues) par jour soit environ 7500 par an.

- Nous commandons donc 25 billes de bois à notre fournisseur, soit à peu près 1 arbre par jour.

- Nous replantons 5000 arbres par an généralement dans les villages d’où sont originaires nos artisans, ce qui permet une meilleure sensibilisation.




Donc même avec un taux de réussite de 10% la balance entre coupe et reboisement s’équilibre.

Je pense pouvoir affirmer que notre activité s’inscrit dans le cadre d’un développement harmonieux du mali, « dans le respect des hommes, de la forêt et des traditions » (cf www.kangaba.com) , ce qui me semble être le but commun à toutes les parties engagées au Mali.










L’écologie est un problème planétaire. Les occidentaux sont bien placés pour le savoir et de ce fait , ils doivent fortement encourager les pays africains à prendre conscience avant l’heure (c’est à dire avant nous au même stade de développement) des dangers du déboisement intensif.

Or, en toute chose il faut de la mesure. Il demeure important de tenir compte des hommes et vouloir interrompre toute production d’artisanat utilisant le bois de Lingué, Guéni et Dugura , c’est à dire 80 % de l’artisanat malien, pour préserver les forêts me semble excessif voire déplacé.

Mais il me semble que les très nombreux conseils et incitations apportés par les organisations occidentales au gouvernement et au peuple malien ces dernières années, ont tendu à créer un climat alarmiste dont nous sommes victimes aujourd’hui.




Voici ce que je propose :

- Concernant la biodiversité, il est essentiel de recenser rapidement certaines de ces essences. En fonction de ces recensements, établir des quotas de coupe, des zones de coupe ou mieux encore augmenter les taxes sur chaque pied d’arbre (aujourd’hui à 7500 FCFA en moyenne par arbre soit environ 500 FCFA par djembé grand ou moyen ce qui peut être augmenter) pour ne permettre qu’à ceux qui apportent une valeur ajouté suffisante d’utiliser ces essences. Et en dernier lieu s’il y a urgence, prononcer des interdictions formelles de coupe (valable pour tout le monde).

- Je suis d’avis que nous devons chiffrer précisément les problèmes de déforestations liés à la production de djembé au Mali. Notre atelier avec 70 artisans n’utilise qu’1 arbre par jour environ. Je pense que cela représente 5 à 10 % de la production totale de djembés au Mali. Donc j’estime à maximum 25 arbres/jour le prélèvement lié à la fabrication de djembes dans les forêts maliennes. Idem pour les masques et statuettes qui sont réalisées essentiellement en bois de guéni ou en caicedrat, on peut estimer le prélèvement à 25 pied/jours.

Estimons à 50 arbres par jour (sans compter les bois blanc comme le Gmélina issu des plantations), le prélèvement exercé par la production artisanale. Est ce la principale cause de la déforestation au Mali ? Y a-t-il d’autres priorités ou solutions avant d’interdire cette production ?

J’invite donc les partenaires occidentaux à réfléchir plus en profondeur avec le ministère de l’Environnement Malien à ce problème et me tiens à leur disposition pour toute information complémentaire.

J’appelle également au secours toutes les personnes qui se reconnaissent dans mon effort et s’investissent au Mali comme je le fais.