Pour ma part je suis plus que septique sur cette grosse gueule de Chavez. Son antiaméricanisme me les brise menues. C'est simpliste et grossier, les arguments parfois en dessous de la ceinture, montrent à mon avis le mépris de Chavez pas seulement pour Bush et sa politique, mais aussi pour les vénézuéliens et les électeurs. On dirait un poivrot qui cherche la merde à un bourgeois à la sortie d'un bar pour épater ses amis. Comme tu le dis, le pays est américanisé jusqu'à l'os, à tel point que je crois qu'il ne s'en rend même plus compte. Le rejet est donc logique dans ces conditions là, tout comme elle est logique dans un bon nombre de pays africains où la France est mal vue. Chavez endosse facilement les habits, militaires il est vrai, de Bolivar dans sa lutte contre le nouveau colonisateur.

J'ai du mal avec toute la propagande que j'ai vu sur place, ces énormes placards publicitaires ou tel un big jim il est tantôt en survêtement, tantôt en militaire, tantôt en civil. J'ai du mal avec l'ultra militarisation du pays, avec ses militaires en armes à tous les coins de rues comme dans une dictature d'opérette. J'ai du mal à croire aussi à cet ancien putschiste qui aurait découvert les vertus de la démocratie en prison après son putsch raté. Il y a trop de choses qui sont caricaturales chez Chavez pour que je le trouve sympathique et pour que je puisse le trouver de bonne foi.

J'ai aussi du mal avec ce que j'ai sur lui dans différents articles. Les journalistes du Monde Diplomatique et les intellectuels et artistes anti-libéraux ont trouvé le nouveau messie, le successeur charismatique à Guevara et ne veulent pas le lâcher. L'orwellien que je suis ne peut que rester circonspect devant cette nouvelle idolâtrie. Une des escroqueries intellectuelles en vogue dans les années 40 à 80, propagée par Sartre et ses suiveurs étaient de faire croire que si tu ne défendais pas la Parti Communiste et l'URSS tu étais un suppôt du capitalisme et des Etats-Unis. J'ai peur que de nouveaux temps doctrinaires et ultra simplistes ne reviennent.

J'ai lu un article qui disait que "Chavez c'est Castro plus le pétrole". C'est très intéressant et très vrai. Son amitié et son soutien pour le vieux dictateur inquiète beaucoup les vénézuéliens qui nous en ont parlé, et je les comprends. Cuba a beau être un pays aux très importants taux d'alphabétisation et de médicalisation, ça reste avant tout une dictature. Chavez a beau se vêtir de ses plus beaux habits de démocrate, la tentation du pouvoir commence à le titiller grandement. Il envisage de changer la constitution pour pouvoir se représenter autant de fois qu'il veut. D'ici à ce qu'il se passe des élections.

Le pétrole aussi est intéressant, car il s'en sert comme d'une arme, et il a raison. Que les richesses du sol national reviennent "au peuple" est une juste cause. Sauf que le PDVSA est soupçonné de servir de pompe à fric personnelle à beaucoup de gens surtout depuis qu'elle ne publie plus ses comptes. On ne peut que douter que tout l'argent revienne "au peuple", tant la corruption est grande et la mise en place tardive des programmes sociaux en atteste. On en a fait les frais sur la route en ce qui nous concerne. Chavez est parfaitement conscient de ça, et a commencé à mettre en place des "conseils communaux" en guise de contre pouvoir. Le Monde Diplomatique en dit beaucoup de bien, sauf qu'apparemment ils semblent être de nouveaux bras armés du parti. Une lutte semble être en train de se jouer en la bureaucratie lourde et corrompue et la reprise en main par le parti et ses passe-droits.

Patrice.